Compte rendu de mission à l’Hôpital de Tanguiéta (Bénin)
31.3.2004 - 15.4.2004
Dr. Charles-Henry Rochat
ohsdtanguieta@yahoo.fr
Participants
- Chef de mission : Docteur Charles-Henry Rochat
- Chirurgien assistant : Docteur Hubert John, Zurich
- Anesthésiste : Docteur F. Giaume, Nice
- Instrumentiste : Madame N. Piatkowski, Genève
- Accompagnante à titre personnel et représentante de Frères de nos Frères pour l’occasion Madame Isabel Rochat
Déroulement de la mission
Mercredi 31 mars 2004 : arrivée à Ouagadougou et rencontre avec Augustin Konditamde, directeur de RBCAH (Réadaptation à Base Communautaire des Aveugles et autres handicapés). Cette réunion porte sur la collaboration à long terme pour le recrutement et le transport des fistuleuses vers Tanguiéta. Augustin met à disposition 9 agents sur le terrain, il s’engage à sensibiliser des matrones au problème des fistules vésico-vaginales et envisage une récompense de 1000 CFA pour chaque patiente envoyée à Tanguiéta. Nous discutons également de la réalisation de dossiers personnalisés d’évaluation avec une photo de la patiente. Nous étudions les détails du micro-projet qu’il m’a soumis en janvier (document 1), mais le projet doit être élargi.
Augustin accepte la responsabilité de diriger ce projet au Burkina à plus grande échelle, en accord avec RBCAH avec qui il continuera à travailler en parallèle. Il va chiffrer le projet élargi et me soumettra prochainement le document. Il souhaite également qu’on lui fournisse un appareil numérique pour photographier les patientes en envoyer les dossiers via Internet.
Jeudi 1er avril : réunion au Ministère de la Santé à Ouagadougou avec le Frère Florent, le Docteur Hubert John et le Docteur Mohamed Hacen (hacenm@wr.oms.bf), représentant de l’OMS. Nous sommes reçus par le Secrétaire Général délégué au Ministère de la Santé (sg@sante.gov.bf), le Ministre ayant fait défaut à la dernière minute.
On passe en revue la problématique des fistules vésico-vaginales au Burkina qui n’a pas de centre identifié pour les traiter. Le Ministère de la Santé Publique semble tout à fait favorable à ce que les patientes du Burkina soient traitées à Tanguiéta qui serait le centre de référence. Je fais la proposition que des médecins de Ouagadougou puissent venir pour apprendre les techniques chirurgicales et envoyer leurs patientes à Tanguiéta. Le FNUAP ainsi que la GFMER pourraient participer aux frais de transport et d’hospitalisation des patientes. Lors de cette réunion j’explique le contenu du site Internet de la GFMER et notre volonté d’enseignement par Internet. On pourrait aussi envisager que dans le futur des médecins du Burkina qui auraient suivi la formation à Tanguiéta puissent gérer des centres de fistules au Burkina tout en maintenant une collaboration avec Tanguiéta.
La suite de l’entretien est un exposé du Frère Florent sur la phytothérapie, le traitement du HIV, l’auto-vaccination thérapeutique et la récupération du sang pour autotransfusion. Ces différents aspects de traitements effectués à Tanguiéta sont pour le représentant de l’OMS un véritable modèle qui devrait aider d’autres hôpitaux de zone. Il considère que l’action de Tanguiéta ne doit pas être seulement caritative pour les malades, mais également pour des médecins par les enseignements qu’ils pourraient acquérir à Tanguiéta. Dans la discussion il apparaît bien clair que Tanguiéta ne serait pas une concurrence pour Ouagadougou mais plutôt un appui. Tanguiéta est perçu comme une structure avec des compétences humaines inégalables pour le moment et une accessibilité financière pour les patients qu’on ne retrouve nulle part ailleurs.
Le Ministre de la santé publique sera en visite au mois de mai à Genève, et je ferai en sorte d’organiser une réunion commune à la GFMER avec le ministre de la santé publique du Bénin et l’ancien ministre de la santé du Mali, ainsi que les Docteurs Luc de Bernis (OMS Genève) et Vincent Fauveau (FNUAP Genève).
Arrivée jeudi 1er avril à Tanguiéta après un transport long et fatiguant dans un taxi en mauvais état.
Vendredi 2 avril : inauguration de la maternité de Porga. Madame Ritthauser, Présidente de Frères de nos Frères à Genève, ayant dû annuler son voyage à la dernière minute, c’est mon épouse Isabel Rochat, qui procède au discours d’inauguration devant une assemblée de 80 personnes, le vendredi étant le jour des vaccinations au centre de santé.
Début des interventions chirurgicales à Tanguiéta.
Samedi 3 avril : journée opératoire.
Dimanche 4 avril : visite du parc de la Pendjari.
Lundi 5 et mardi 6 : journées opératoires.
Mardi 6 : réunion avec les cadres de l’Hôpital pour faire le point de la visite de l’OMS à Tanguiéta du 30 et du 31 janvier (document 2). Lors de cette réunion on évoque également l’appui indispensable pour l’Hôpital en termes de personnel, de matériel d’enseignement (projecteur video) et de bâtiment d’accueil ainsi que d’un véhicule pour le transport des équipes.
Dîner offert à tout le personnel du bloc opératoire et de la maternité (40 personnes).
Mercredi au samedi : journées opératoires.
Vendredi 9 je donne un cours d’une heure au le personnel de la maternité sur la prise en charge des fistules ainsi que sur les soins post opératoires. Je leur montre le film de reconstruction cervico-urétrale avec lambeau de Martius.
Dimanche 11 : retour dans le parc de la Pendjari.
Lundi 12 et mardi 13 : poursuite des opérations et évaluation de tous les cas opérés.
Mardi 13 dans l’après-midi départ de CHR pour Cotonou avec le Frère Florent et le Frère Benoît (Directeur de l’Hôpital), le reste de l’équipe termine le travail et rejoindra Ouagadougou le mercredi 14 au soir.
Mercredi 14 : réunion au FNUAP à Cotonou organisée par Philippe Delanne. Cette réunion où 14 personnes participent a été organisée à ma demande pour discuter de la création d’un centre de réparation sous régional des fistules vésico-vaginales. Il ressort de cette discussion que la volonté politique est claire et que tant l’OMS que le FNUAP feront tout ce qu’il faut pour créer un centre de référence pour la région francophone de l’Afrique de l’ouest, et que Tanguiéta est nettement identifié.
Cette réunion très importante a fait l’objet d’un procès verbal du FNUAP (document 5).
Le ministère de la santé publique ainsi que le FNUAP ne sont pas restés les bras croisés ces dernières années et nous présentent un projet préparatoire de lutte contre les fistules ainsi qu’une étude épidémiologique des fistules obstétricales au Bénin (documents 4 et 4 bis).
Un moment important de la réunion est l’intervention du Professeur Akpo, doyen de la faculté de médecine et qui prend conscience de la nécessité de créer un module de formation du traitement des fistules ainsi que de stages qui seraient effectués à Tanguiéta. J’expose tout ce que la GFMER pourrait apporter comme support. J’ai pris note lors de la discussion qu’actuellement ils n’opèrent à Cotonou que 4 ou 5 cas de fistules par année. L’explication est que les fistules sont bien sûr plus fréquentes au Nord c’est à dire près de la brousse, mais qu’il y a également une barrière financière importante pour accéder aux soins à Cotonou.
A nouveau, comme à Ouagadougou, on reparle de Tanguiéta comme Hôpital modèle et qui va recevoir le label de centre OMS, mais non seulement pour les fistules, mais également pour le traitement du VIH et pour la pharmacothérapie traditionnelle.
L’OMS va renvoyer une délégation dans les prochains jours à Tanguiéta de façon à établir les détails de la collaboration, et le FNUAP enverra une mission début mai pour identifier précisément les besoins financiers. Sur ce point je répète les engagements que le FNUAP a pris à Genève lorsque le projet de la GFMER a été présenté à la ville de Genève. Le FNUAP s’est engagé à compléter le budget que nous avons proposé et dont la ville de Genève a pris un peu plus de la moitié.
On rappelle encore une fois l’importance de Tanguiéta avec une capacité de 250 à 300 lits, 10000 patients hospitalisés dont 3000 opérés en 2003.
Il y a encore un petit bémol concernant le centre universitaire de Parakou, nouvellement formé, qui est la deuxième faculté de médecine du pays et qui pourrait également être un site d’implantation d’un centre de fistule, mais on a l’impression que les moyens humains n’y sont pas actuellement.
Monsieur Delanne termine la réunion en affirmant encore que le soutien financier du FNUAP a beaucoup été dirigé vers les grandes villes jusqu’à présent, et que leur volonté actuelle est d’aider les Hôpitaux décentralisés, principalement Tanguiéta.
Mercredi 14 : réunion à l’OMS où nous sommes reçus par le Docteur Loco Lazare qui avait d’ailleurs déjà participé à la réunion du matin au FNUAP. Le soutien de l’OMS par le biais de son représentant à Cotonou est aussi clair que ce que nous avons ressenti quelques jours auparavant à Ouagadougou. D’ailleurs le directeur régional, le Docteur Samba à Brazzaville est très favorable au soutien à Tanguiéta, et le label OMS est acquis. Lors de la discussion nous évoquons la télé médecine que l’OMS souhaite répandre dans certaines institutions médicales du Bénin, dont l’Hôpital de Tanguiéta (document 5). Je m’engage au nom de la GFMER d’apporter un concours technique et financier dans le projet de télé-médecine.
Il existe des films de présentation de l’Hôpital dont un réalisé par la télévision italienne en 2003, la GFMER elle même a produit un film sur la problématique des fistules « Noélie ou la réalité oubliée », et on aimerait soumettre ces films à la télévision béninoise pour qu’ils en fassent un condensé qui pourrait être retransmis dans plusieurs pays africains. Outre un film de présentation de l’Hôpital, il serait bien de créer une brochure. Le Docteur Lazare me remet la brochure de présentation de l’OMS pour le Bénin et il serait d’accord qu’on la mette sur le site Internet de la GFMER (document 6).
Assiste à cette réunion le Docteur Antoine Serufilira, Regional Adviser du bureau régional de l’OMS à Brazzaville.
Mercredi 14 : réunion à la maternité de la Lagune avec le Professeur René-Xavier Perrin, gynécologue, le Professeur César Akpo, doyen de la faculté de médecine et professeur d’urologie, et le directeur de la santé familiale au ministère de la santé publique (dont je n’ai pas retenu le nom mais ceci apparaîtra dans le procès verbal du FNUAP. En plus il m’a mis à disposition son chauffeur et son véhicule jusqu’au soir). Lors de cette discussion avec la faculté on aborde les problèmes des stages à Tanguiéta qui ont été effectués par des gynécologues et qui n’ont pas pu être indemnisés comme cela aurait été discuté.
Florent expose le protocole d’auto récupération du sang qui fait l’objet d’un projet d’étude OMS supervisé par le Docteur Luc Noël à Genève et qui doit être multicentrique. Le professeur Perrin accepte d’y participer.
On expose ensuite le projet des fistules vésico-vaginales centré sur Tanguiéta en collaboration avec la faculté. L’accueil semble favorable et il y a deux protocoles à mettre au point, celui des rapports entre la faculté de médecine et Tanguiéta sur un modèle analogue à celui qui vient d’être signé entre la faculté de médecine de Lomé et l’Hôpital des Frères de Saint Jean de Dieu à Afagnan. L’autre protocole est celui qu’il faudrait établir entre la GFMER et la faculté de médecine. Sur ce plan j’ai proposé au Professeur Akpo (fssciuf@intnet.bj) de venir nous rencontrer à la GFMER. Il devait quitter Paris le dimanche 23 mai à la suite d’une réunion de doyens à Bordeaux, mais il serait d’accord de prolonger son séjour en Europe jusqu’au mardi 25 mai, et je me suis engagé à prendre les frais de ce détour à Genève à ma charge.
A la fin de cette réunion on évoque encore le Congrès de la société africaine de gynécologie et d’obstétrique qui aura lieu à Cotonou du 13 au 17 décembre et dont un des thèmes sera les fistules obstétricales (document 7).
Mercredi 14 avril : invitation de CHR au centre multimédia de Cotonou, financé par le FNUAP et l’UNICEF. Enregistrement d’une émission radio télévisée de 30 minutes sur les fistules vésico-vaginales en présence de 3 jeunes journalistes.
Mercredi 14 avril : vol Air France Cotonou Paris après 8 heures de réunions d’affilées et sans repas…..
Varia
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Le Docteur René Darate sera invité le 12 juin à Zürich pour la journée d’urogynécologie organisée par le Docteur H. John (document). Lors de son séjour, le Docteur Darate qui est en charge de la Maternité à Tanguiéta et qui est notre principal collaborateur local pour les missions fistules, passera quelques jours à Genève, visite prévue à la GFMER.
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Le 22.4.04 rencontre à Genève avec Anne-Marie Pillonel de Sentinelles, sous l’impulsion de Madame Christiane Badel du Comité, Madame Pillonel a été désignée pour faire une enquête sur la faisabilité d’un programme Fistules au Burkina, ceci pour répondre à notre première demande de collaboration Sentinelles-GFMER.
Ensemble nous téléphonons à Augustin Konditamde pour organiser une rencontre dès l’arrivée de Madame Pillonel au Burkina (6 semaines de visite dès fin avril 2004). -
Le 25.04 rencontre à la GFMER avec le Professur Jean-Michel Dubernard de Lyon, Président de la Comission des affaires sociales à l’Assemblée Nationale, et le Professeur Aldo Campana pour élaborer un projet commun de création de centres de traitement des FVV en Afrique de l’Ouest.
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Le 29.4.04, reçu par e-mail le compte-rendu de la réunion du FNUAP à Cotonou et « projet fistule » (document).
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Le 30.4.04 propositions du Docteur Darate pour la prise en charge des FVV à Tanguiéta (document).
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Le 9.5.04 réception par fax de l’évolution des opérations effectuées en avril 04 soit :
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16 FVV pures, 3 échecs
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4 opérations d’incontinence d’effort, 1 échec
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3 dérivations selon Mayence II, avec suites simples
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10 autres opérations plus ou moins difficiles avec suites simples
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(2 suppurations de cicatrices abdominales) (document).
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