Fra Fiorenzo - Hôpital St. Jean de Dieu - Tanguiéta, Bénin
Images de la catastrophe de Porga
Récit de la catastrophe de Porga du mercredi 24 mai 2006
Frère Florent Priuli, o.h.
Le Mercredi 24 Mai 2006 à l’hôpital Saint Jean de Dieu de Tanguiéta on était sur la fin d’une longue journée de consultation et d’interventions en urgence pour des péritonites dont deux étaient d’origine typhique.
Un message urgent nous parvient de Porga par la radio qui connecte les dispensaires périphériques à l’hôpital Saint Jean de Dieu de Tanguiéta : c’était le Révérend Frère Olivier, Prieur de la communauté de Porga, qui nous demandait de venir urgemment à leur secours avec tous les véhicules et des camions pour pouvoir charger un nombre très élevé de brûlés, à la suite d’un incendie de camion citerne à essence, qui c’était renversé en essayant d’éviter un enfant qui traversait la route juste presque en face du centre de santé saint Jean de Dieu de Porga. Nous avons pris rapidement nos deux camionnettes et le minibus pour répondre à leur appel.
Déjà à plusieurs kilomètres de loin on voyait une fumée immense qui s’élevait. Arrivés sur les lieux nous avions constaté amèrement, un vaste champ de corps humains calcinés et des squelettes par-ci et par là. Alors nous avons couru au centre de santé de Porga où les frères de Saint Jean de Dieu qui étaient là nous ont présenté le triste tableau : c’était un nombre énorme de gens complètement brûlés qui criaient, et la peau qui tombait. Donc chaque camionnette a pris une dizaine de blessés, la police aussi en a chargés et à l’hôpital en moins d’une heure il y avait 80 brûlés. Tout l’hôpital s’est mobilisé. Heureusement, il y avait aussi des coopérants dont un réanimateur et un orthopédiste. Le travail a démarré pour faire le minimum qui pouvait parer au pire. Malheureusement déjà pendant que l’on faisait les soins, deux de ces brûlés sont décédés aux urgences et à 8 heures du matin on terminait de faire les premiers gestes.
On avait dû faire, hélas, un tri et choisir ceux qui avaient quelque chance de survivre et ceux qui n’en avaient aucune. C’est ainsi qu’on a confié au Prieur de la maison, frère Jean Claude Maboko, 23 brûlés sans espoir qu’on a essayé d’accueillir dans la salle de conférences sous la maternité et les autres ont été gardés provisoirement à l’école de la pédiatrie nouvellement mise en fonction.
Nous avons dû libérer les malades hospitalisés et qui allaient un peu mieux pour faire de la place. C’est ainsi que les 78 brûlés qui restaient on pu trouver un accueil et avoir les premiers soins. Beaucoup n’ont pas pu avoir une prise de voie veineuse parce que tout le corps était brûlé et déjà au cours de la nuit et des 48 heures qui ont suivi, le nombre de décès a été très élevé.
Depuis ce jour, on travaille au bloc opératoire nuit et jour et la pour enlever les garrots qui empêchent la circulation, faire des incisions de décharge, etc., et des grands, grands pansements.
Le troisième jour nous avons eu la visite du Ministre de l’Intérieur avec une grande délégation. Ils nous ont apporté un peu de moyens pour perfuser, pour faire les pansements. Le Professeur Chobly Martin, chef de la réanimation du CNHU de Cotonou est venu avec une ambulance Samu et des coopérateurs qui sont encore avec nous.
Le Ministre de la Santé et le Ministre chargé de la Famille sont aussi venus dans la nuit du 27 mai avec une aide financière de la part du Président de la République et du matériel ; sur la route ils se sont même arrêtés pour acheter un gros rouleau de tissu pour nous aider car les draps, tout le matériel fait défaut : cela a été réconfortant pour nous. Plusieurs ONG privés, pharmaciens, se sont organisés pour nous envoyer des aides, mais le besoin est tellement énorme si bien que les aides arrivent et finissent en même temps. Nous avons aussi de gros problèmes d’électricité qui ne peut pas être fournie par la centrale de la ville, donc ce sont nos groupes qui continuent à tourner et au moment qu’on arrête pour la révision c’est des problèmes à l’hôpital.
A la date du 31 Mai, nous avons fait un bilan très triste : sur 80 brûlés arrivés à l’hôpital, 3 seulement on pu être exéatés parce qu’ils avaient des formes légères, et 52 sont décédés. Il ne nous reste plus que 28 brûlés.
C’est un chiffre minime par rapport au nombre de victimes que nous avons reçu vivantes mais c’est encore énorme pour leur prise en charge et malheureusement nous savons que parmi les 28 il y a encore un certain nombre à haut risque, car la surface corporelle brûlée, sans tenir compte de la profondeur des brûlures, pour certains, dépasse 80%.
Un avion italien est arrivé le 29 mai avec des spécialistes et du matériel.
La Ministre de la Santé le matin du 29, annonce qu’un chargement est en route pour nous aider encore. Ce qui s’est réalisé.
Nous tenons à remercier vraiment de tout cœur, ceux qui se sont mobilisés pour mener la lutte avec nous et tous ceux qui prient pour nous.
Nous vous encourageons à ne pas baisser les bras car il reste encore beaucoup à faire pour tenter de limiter les dégâts et pour redonner une bonne santé aux rescapés.
Fait à Tanguiéta, le 31 mai 2006
Le Directeur médicale,
Frère Florent PRIULI, o.h.