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Yolanda Botta Kauer - Chirurgie plastique, reconstructive et esthétique

Les brûlures : cas cliniques

Les brûlures

Yolanda Botta Kauer

Plus de 50% des patients qui se présentent à la consultation en chirurgie plastique et de chirurgie de la main dans les hôpitaux du Togo et Bénin souffrent de séquelles de brûlures Presque toujours il s’agit de contractures handicapantes à différents degrés.

Les brûlures sont dues dans la plupart des cas à une chute sur le feu, à une mauvaise manipulation d'une lampe à pétrole, ou à un renversement d'eau bouillante. Les cas les plus traumatiques, surviennent suite à des incendies la nuit dans les cases, où les gens épouvantés courent dans toutes les directions, se sont alors souvent les enfants incapables de fuir qui sont piétinés.
Les brûlures, suite à des explosions, ne sont pas rares. Il surviennent chez les fabricants de soda bee (boisson fermentée extraite du palmier et distillée d'une façon rudimentaire). Dans ces cas aux brûlures cutanées s'ajoutent celles des voies respiratoires, très difficiles à gérer.
Les brûlures par acides surviennent surtout chez les enfants qui prennent des bouteilles de soude caustique laissées à leur portée. Dans la pire des situations, ces bouteilles sont portées à la bouche en provocant des brûlures de l'œsophage nécessitant beaucoup de temps opératoire. Depuis quelques années déjà, les médecins sur place ont appris à gérer chirurgicalement les séquelles de ce type de brûlures.

Beaucoup de patients, surtout des agriculteurs et aussi des enfants, sont victimes d'incendies de brousse (incendies provoqués par les agriculteurs à fin de déblayer un terrain qui sera ensuite cultivé).
Ces incendies mal gérés, lors d'un changement de vent par exemple, nécessitent un déplacement rapide des personnes en danger et les enfants quelques fois sont les premières victimes.

Les accidents ménagers : de l'eau au huile bouillante provoquent des brûlures au niveau du visage et au niveau des extrémités supérieures, surtout chez les femmes et les enfants.
Il y a relativement peu de patients qui arrivent en urgence à l'hôpital. Les traitements immédiats jusqu'à l'obtention de l'épithélialisation de la plaie se font généralement à la maison, et seulement quelques uns de ces patients arrivent à l'hôpital quelques mois, voire quelques années plus tard, présentant des rétractions secondaires ou bien des mauvaises cicatrisations. Les adultes consultent souvent plus rapidement. Les enfants dont les manifestations des handicaps commencent à se faire sentir au moment de la scolarisation ou bien au début d'une activité de travail, consultent plus tardivement et présentent en général des séquelles beaucoup plus importantes. Malgré les traitements chirurgicaux et les appareillages d'adaptation, des séquelles permanentes et des amputations, ne pouvant pas être gérés autrement, les handicapent à vie.

Pendant les premières années de mon activité dans les hôpitaux de brousse, j'étais confrontée à des cas dramatiques. Aujourd'hui heureusement ceux-ci sont moins nombreux : le bouche à oreilles et des enfants récupérés qui rentrent aux villages, ont encouragé d'autres patients à consulter beaucoup plus rapidement et les séquelles de brûlures que je vois en consultation sont aujourd'hui moins importantes.

Les brûlés graves (brûlure du tractus respiratoire ou plus de 50% de la surface corporelle) donnent encore lieu à des situations irrécupérables. A cause du manque de moyen technique et aussi du problème financier qui ne permet malheureusement pas d'assumer de façon complète les patients comme il serait souhaitable.

Quand la séquelle de brûlures touche un homme ou une femme en âge actif, pas seulement sa vie est atteinte, mais aussi la vie de sa famille : le patient souvent nécessite plusieurs temps opératoires; la demande opératoire étant très importante, on est parfois obligé à parer aux situations les plus urgentes et à espacer les opérations qui peuvent s'étaler sur deux ou trois ans. Dans cette situation le patient perd souvent son travail.

Les difficultés les plus importantes du traitement, se trouvent chez les enfants. On souhaite opérer dans les meilleurs délais pour éviter que les brides cicatricielles entravent le processus de croissance, mais il faut tenir compte de la difficulté de communication chez ces jeunes enfants et la difficulté dès lors d'un suivi opératoire régulier jusqu'à l'obtention d'un résultat valable.

Depuis plus de 20 ans, pratiquement tous les cas de séquelles de brûlures peuvent être assumés par les hôpitaux de Tanguiéta au Bénin et d'Afagnan au Togo. Cette lourde tâche pourrait être soulagée et on pourrait obtenir des meilleurs résultats par des campagnes d'éducation sur la prévention, le traitement immédiat et les possibilités de traitement secondaires au niveau des dispensaires, au niveau des familles, des centres religieux, des écoles.