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Centre hospitalier régional de Ouahigouya - Burkina Faso

Centre "Une Vie Meilleure"- Ouagadougu - Burkina Faso

Centre "Une Vie Meilleure"- Prise en charge

Philippe Bédat

Prise en charge des patients avec pied bôt au centre "Une Vie Meilleure"

Introduction

La prise en charge de ce genre de pathologie orthopédique nécessite une infrastructure relativement simple mais cependant très spécifique à ce type de chirurgie.
Outre l’évaluation des cas en préopératoire (cf. fiche signalétique pied bôt) l’intervention et le suivi postopératoire doivent pouvoir compter sur un personnel compétent et motivé.
Le patient opéré devra être suivi, après une hospitalisation de quelques jours, durant plusieurs mois. Il sera probablement nécessaire, durant cette période, de changer un plâtre, parfois sous anesthésie, puis de procéder à une rééducation en physiothérapie (technique manuelle essentiellement).
Une nouvelle intervention sera peut-être nécessaire dans les mois ou les années suivantes pour un certain nombre de cas, ce qui nécessite de ne pas les perdre de vue et de pouvoir les réexaminer lors de chaque mission.
Le pied bôt, en Afrique, est une affection rarement isolée. Elle entre souvent dans le cadre plus large d’un problème malformatif ou neurologique (polio) dont l’évaluation sera importante pour déterminer la stratégie thérapeutique et l’évolution future du problème orthopédique.
En fait, sous la dénomination de « pied bôt », on regroupera toutes les déformations du pied qui sont la conséquence de malformation, d’infection ou d’affection neurologique entraînant un problème fonctionnel (pied creux, varus, équin, plat valgus, talus…).
Il faudra aussi prendre en compte l’état général du patient et en particulier son état de nutrition afin de garantir une bonne évolution postopératoire.

Equipe chirurgicale

Chaque équipe chirurgicale devrait comporter un chirurgien, un anesthésiste, une instrumentiste et une aide de salle. Il est possible qu’une seule aide suffise pour travailler dans les deux salles d’opérations à la fois.
Il devrait être possible d’opérer trois à quatre patients par jour, éventuellement plus, selon l’importance des cas et des gestes techniques à réaliser. La capacité d’accueil du service pour le suivi postopératoire est déterminante ici. Le reste du temps devrait être consacré à la consultation médicale et au suivi des patients opérés.

 

 

Intervention type et suivi postopératoire

Patient en décubitus dorsal avec garrot pneumatique à la cuisse
L’intervention comprend un premier temps d’allongement ou de transfert tendineux associé chez les adolescents et les adultes qui représentent la plus grande partie des cas à des gestes osseux. Les interventions suivantes devraient être couramment réalisées au centre :

  • allongement du tendon d’Achille
  • transfert du tendon du jambier postérieur pour pied paralytique en équin
  • hémitransfert du jambier antérieur
  • tarsectomie, triple arthrodèse ou ostéotomie cunéiforme pour pied creux varus équin, par exemple

Ces différentes interventions peuvent être combinées.

La fixation osseuse se fait au moyen de vis ou d’agrafes. La peau est fermée sur un drain aspiratif et le membre est immobilisé dans une botte plâtrée fendue. Maintien du pied surélevé sur attelle pendant 48 heures puis rééducation à la marche avec cannes.
Le plâtre devra être changé vers le 10ème jour, lors de l’ablation des fils. Il sera ensuite maintenu durant 4 à 6 semaines. Après ablation du plâtre, une rééducation en physiothérapie pourra commencer.
Dans les cas de polio, il sera parfois nécessaire d’envisager un appareillage orthopédique pour permettre au patient de marcher sans cannes. Ceci pose le problème d’un équipement et du personnel qualifié pour faire fonctionner un petit centre d’appareillage orthopédique. L’autre solution serait de travailler en collaboration avec un centre existant (Association ECLA par exemple).

Mise en forme par Sylvie Ngo Tama